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Tourisme et gestion de l’eau : vers des vacances plus sobres

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Rédigé par Arthur

Alors que l’année 2025 est placée sous le signe de la mer et de la préservation de l’eau, la question de la gestion durable de cette ressource devient incontournable pour le secteur du tourisme. Dans un contexte de dérèglement climatique et de raréfaction accrue des réserves hydriques, les professionnels du voyage, les collectivités et les vacanciers sont appelés à faire preuve de responsabilité.


Une ressource précieuse… et sous pression

Stations balnéaires, golfs, parcs aquatiques, hôtels, campings ou encore stations de ski : tous dépendent de l’eau, à la fois pour répondre aux besoins quotidiens (hygiène, restauration, entretien) et pour entretenir leur attractivité. Pourtant, les épisodes de sécheresse se multiplient, et les tensions autour de la disponibilité de l’eau gagnent du terrain. À l’échelle nationale, le secteur touristique prélève à lui seul 335 millions de mètres cubes d’eau chaque année, selon une étude de la Direction générale des entreprises publiée en 2024. L’hébergement représente 59 % de cette consommation, suivi par la restauration avec 27 %.

Consciente de ces enjeux, la filière touristique française a renforcé ses engagements en matière de sobriété hydrique. Trois plans sectoriels – portant sur l’hébergement et la restauration, les activités de pleine nature, ainsi que les sites culturels et de loisirs – ont été officialisés en avril 2025 par la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre.

Objectif 2030 : -10 % de prélèvements

Ces plans s’inscrivent dans le cadre du « plan Eau », lancé en 2023, et visent une réduction de 10 % des prélèvements d’eau d’ici à 2030. Ils ont été conçus en collaboration avec les fédérations professionnelles du tourisme, la Confédération des acteurs du tourisme (CAT), les agences de l’eau, les ministères concernés et les collectivités locales. L’enjeu est de structurer une gouvernance partagée autour de la gestion de l’eau, en désignant des référents hydriques et en renforçant le suivi des consommations. Des outils de sensibilisation, de formation et d’accompagnement seront également déployés pour aider les professionnels à passer à l’action.

Parmi les initiatives déjà mises en œuvre, on note l’installation d’équipements économes en eau, le recyclage des eaux de pluie pour l’arrosage, ou encore l’utilisation de toilettes sèches dans certaines structures de slow tourisme. Les voyageurs, eux aussi, sont invités à devenir des « éco-touristes » : douche courte, produits labellisés, refus du lavage de voiture ou choix d’hébergements durables deviennent autant de gestes simples à adopter.

Paris donne l’exemple

À l’échelle locale, certaines métropoles montrent la voie. C’est le cas de Paris, qui a adopté en octobre 2024 un plan de sobriété en eau visant une réduction de 15 % de ses prélèvements d’ici 2030. La capitale entend ainsi économiser 10 % de ses consommations d’eau potable et 20 % de celles d’eau non potable. La Ville s’appuie sur 28 mesures articulées autour de quatre axes : réduction des usages, modernisation des réseaux, diversification des sources d’eau et sensibilisation du public.

Grâce à l’installation de 3 000 capteurs sur son réseau en 2022, Paris a pu détecter rapidement les fuites et économiser l’équivalent de la consommation d’une ville de 20 000 habitants en un an. D’autres pistes sont explorées, comme l’optimisation de la filtration dans les piscines municipales ou la modernisation des célèbres fontaines Wallace, bientôt équipées de boutons-poussoirs.

Paris mise également sur un atout unique en Europe : son double réseau d’eau potable et non potable, qui permet de réserver l’eau potable aux usages essentiels, tout en utilisant une ressource alternative pour l’entretien de l’espace public, l’arrosage des parcs ou le nettoyage des rues.

Une dynamique collective à amplifier

Les efforts déployés par les pouvoirs publics, les professionnels du tourisme et certaines collectivités illustrent une prise de conscience croissante. Mais pour que la transition soit véritablement efficace, elle devra s’appuyer sur un changement de culture à tous les niveaux.

Le tourisme durable ne se limite donc pas à choisir un transport bas carbone ou une destination responsable : il commence dès le robinet.