À trois heures de Paris, ce petit bijou de la côte Adriatique fait rêver les voyageurs. Avec ses eaux turquoise, ses ruelles pittoresques et son atmosphère méditerranéenne authentique, Primosten, en Croatie, attire chaque année des milliers de visiteurs en quête de soleil et de dépaysement. Classée en 2024 parmi les joyaux secrets d’Europe par European Best Destination, elle est désormais au cœur de toutes les convoitises… et des réseaux sociaux. Mais derrière cette carte postale parfaite, se cache une vérité que peu de touristes soupçonnent.
Un décor de rêve… créé de toutes pièces
Située entre Šibenik et Trogir, cette ancienne île reliée au continent au XVIe siècle offre une vue spectaculaire sur la mer Adriatique. Pourtant, ce que beaucoup ignorent, c’est que les plages de sable fin de Primosten n’existaient pas naturellement. À l’origine, le littoral de cette partie de la Dalmatie était exclusivement rocheux.
Face à la montée en puissance du tourisme dans les années 1960 – et encore plus depuis les années 2010 –, la ville a procédé à une transformation radicale de ses côtes. Chaque printemps, des tonnes de gravier concassé et de galets sont déversées pour façonner des plages artificielles capables d’accueillir les milliers de vacanciers attendus. Un choix assumé par le maire Stipe Petrina : « Vous ne pouvez pas avoir 15 000 touristes et une plage qui n’en accueille que 2 000. »
Une fausse nature qui menace l’environnement
Ce lifting balnéaire massif n’est pas sans conséquences. Derrière les photos parfaites d’Instagram, le littoral se transforme peu à peu en décor artificiel, instable et éphémère. Le professeur Dalibor Carevic, spécialiste en génie côtier, alerte auprès de l’AFP : « Une grande partie de notre côte devient artificielle à grande échelle. »
Les plages ainsi créées ne résistent ni aux tempêtes ni à l’érosion. La montée des eaux et le dérèglement climatique pourraient, à terme, les faire disparaître. Pire encore, ces aménagements détruisent peu à peu l’écosystème local et aggravent la bétonisation des rives croates.
Un dilemme croissant sur la côte croate
Primosten n’est pas un cas isolé. De nombreuses stations balnéaires de Croatie cèdent à la même logique : sacrifier l’environnement pour satisfaire une demande touristique exponentielle. Si les retombées économiques sont considérables, elles posent une question cruciale : jusqu’où peut-on aller pour plaire aux touristes ?
À force de vouloir ressembler aux Maldives ou à Bora Bora, certaines destinations européennes risquent de perdre ce qui faisait leur véritable identité.