Tourisme durable

Hawaï va instaurer la « Green Fee », une nouvelle taxe touristique pour financer la résilience climatique

Publié le

Rédigé par Salomé

Une première aux États-Unis : à partir du 1er janvier 2026, Hawaï appliquera une nouvelle taxe aux visiteurs séjournant sur ses îles. Objectif affiché : protéger les ressources naturelles et renforcer la résilience face aux catastrophes climatiques.


Une taxe inédite

Le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, a signé une loi historique, baptisée Act 96, qui instaure une taxe supplémentaire sur l’hébergement touristique. Surnommée « Green Fee », cette contribution environnementale inédite aux États-Unis vise à générer près de 100 millions de dollars par an pour financer des projets de protection de l’environnement, de résilience aux aléas climatiques et de tourisme durable.

Concrètement, la taxe augmente de 0,75 % le taux de la Transient Accommodations Tax (TAT), soit une hausse à 11 % du prix de la nuitée dans les hôtels, les locations de vacances de courte durée, mais aussi — pour la première fois — sur les croisières faisant escale à Hawaï. Ainsi, un séjour à 300 dollars la nuit engendrera un coût additionnel de 2,25 dollars, et une chambre à 500 dollars générera environ 4 dollars de taxe supplémentaire par nuit.

« Le monde nous regarde, et avoir une solution équilibrée entre industrie et environnement est la voie à suivre pour protéger notre population […], et surtout le mode de vie que nous voulons préserver pour nos enfants, pour les générations futures », a déclaré le gouverneur Josh Green.

Une réponse aux catastrophes climatiques

Cette décision intervient dans un contexte marqué par une multiplication des événements climatiques extrêmes. En août 2023, les incendies meurtriers de Maui ont fait 102 victimes et ravagé 80 % de la ville historique de Lahaina. Ces tragédies ont accéléré la volonté politique de renforcer la résilience de l’archipel face aux risques climatiques.

« En tant qu’archipel, Hawaï ne peut pas attendre la prochaine catastrophe pour agir », a rappelé le gouverneur lors de la signature de la loi. « Nous devons construire notre résilience dès maintenant, et la Green Fee fournira le financement nécessaire pour garantir des ressources pour notre avenir ».

À la suite des incendies, Josh Green a mis en place une Climate Advisory Team (CAT) chargée de proposer des mesures concrètes. L’une de ses recommandations principales était la création d’un financement pérenne pour les actions de prévention et de réparation.

« Le Green Fee marque un investissement historique dans la résilience face aux catastrophes climatiques et dans la protection de l’environnement », a souligné Chris Benjamin, leader du CAT. « Utiliser la TAT pour financer ces projets permet d’éviter que ce fardeau ne repose uniquement sur les résidents. Nous remercions les législateurs, les acteurs du secteur et toutes les communautés qui ont milité sans relâche pour cette loi ».

Un modèle de « tourisme régénératif »

L’État d’Hawaï mise ainsi sur un nouveau modèle de tourisme, davantage centré sur la durabilité et la participation des visiteurs à la préservation des territoires qu’ils découvrent.

« La mise en œuvre de cette Green Fee garantit que les visiteurs qui viennent à Hawaï investissent dans son avenir et deviennent nos partenaires dans le tourisme régénératif », avait déclaré Josh Green à Newsweek. Il estime que ces frais permettront de « couvrir les impacts climatiques liés à l’accueil de 10 millions de visiteurs par an ».

L’argent collecté ne sera pas versé dans un fonds dédié, mais fera l’objet d’un réexamen annuel par le législateur afin d’être alloué aux priorités environnementales les plus urgentes, comme la protection des écosystèmes terrestres et marins, ou la mise en place de coupe-feux et d’équipements d’urgence.

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Des critiques et des questions en suspens

Toutefois, la taxe ne fait pas l’unanimité. Le Grassroots Institute of Hawai‘i, un groupe de réflexion conservateur local, redoute des effets contre-productifs.

« Il n’y a rien de comparable à des vacances à Hawaï, et c’est vrai à 100 %. Mais cela ne signifie pas que cette taxe n’affectera pas les dépenses des visiteurs et l’attrait de la destination », a prévenu Malia Hill, directrice des politiques de l’institut.

Selon elle, cette hausse pourrait également pénaliser les résidents locaux, notamment ceux qui voyagent entre les îles pour raisons professionnelles ou familiales.

« Nous voyageons entre les îles pour le travail, pour voir notre famille, nos amis. C’est donc une taxe sur les locaux aussi, et on ne peut pas y échapper », a-t-elle ajouté.

Une tendance mondiale

Hawaï s’inscrit dans une dynamique mondiale, alors que plusieurs destinations — de Bali aux Galápagos en passant par la Grèce — ont récemment instauré ou relevé des taxes touristiques pour faire face aux effets du surtourisme et du changement climatique.

L’efficacité de ces mesures reste encore à démontrer. Si certaines villes comme Venise n’ont constaté aucun effet dissuasif, d’autres territoires ont pu financer des projets bénéfiques grâce à ce type de contribution.