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Londres bientôt taxée ? Ce que l’instauration d’une taxe de séjour pourrait changer pour les voyageurs

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Rédigé par Salomé

Après Barcelone, Paris ou encore Venise, Londres pourrait bientôt rejoindre la liste des grandes villes européennes imposant une taxe de séjour à leurs visiteurs. Une idée portée par le maire Sadiq Khan, qui souhaite s’inspirer d’expériences locales et internationales pour évaluer la faisabilité de cette mesure. Mais que signifierait une telle taxe pour les voyageurs ? Et quelles en seraient les conséquences pour le secteur touristique de la capitale britannique ?


Un modèle qui séduit de plus en plus de villes européennes

Les taxes de séjour ne sont pas une nouveauté. En Europe, elles sont devenues un levier budgétaire important pour les villes confrontées au surtourisme. À Barcelone, les visiteurs s’acquittent jusqu’à 4,95 € par nuit, générant environ 100 millions d’euros par an, investis notamment dans les transports publics et la préservation du patrimoine. À Paris, les montants peuvent grimper jusqu’à 16 € pour les hôtels les plus luxueux.

Venise, quant à elle, a instauré une entrée payante pour ses visiteurs d’un jour. Si cette mesure n’a pas encore freiné l’afflux massif de touristes, elle a permis de collecter 2,2 millions d’euros en 2024.

Sadiq Khan affirme que les touristes « ne voient pas d’inconvénient à payer quelques euros de plus », tant que ces fonds servent à améliorer leur expérience. Il promet que l’argent collecté serait réinjecté dans l’environnement touristique : soutien à l’hôtellerie, infrastructures, transports, culture… Une taxe de 5 % sur les nuitées à Londres pourrait rapporter jusqu’à 240 millions de livres par an, selon les estimations.

Un précédent britannique : le cas de Manchester

Londres ne partirait pas de zéro. À Manchester, une City Visitor Charge a déjà été mise en place sur les établissements hôteliers les plus onéreux. Résultat : 2,8 millions de livres récoltés en un an. Le succès de cette initiative, saluée localement, pourrait servir de modèle à la capitale.

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Des professionnels inquiets pour la compétitivité de Londres

Malgré les retombées économiques potentielles, la proposition inquiète les professionnels du tourisme, déjà préoccupés par la nouvelle mesure obligatoire de l’ETA pour voyager au Royaume-Uni. UKHospitality, qui regroupe 700 entreprises du secteur, met en garde contre une « asphyxie fiscale », particulièrement dans un contexte post-Covid où la reprise reste fragile. Sa directrice générale, Kate Nicholls, alerte : « L’introduction d’une taxe touristique ne ferait qu’aggraver la situation », Londres étant déjà pénalisée par une TVA élevée.

Les hôteliers craignent aussi que cette taxe n’affecte l’attractivité de la ville, surtout face à la concurrence mondiale. Le prix moyen d’une nuit d’hôtel à Londres figure déjà parmi les plus élevés d’Europe, et tout supplément pourrait peser lourd sur les budgets des visiteurs.

Quel avenir pour cette mesure ?

Le maire de Londres assure vouloir consulter et étudier en détail les pratiques d’autres villes avant d’agir. Aucun calendrier n’a été fixé, et aucune modalité officielle n’a été présentée à ce stade. Mais à l’heure où de nombreuses capitales cherchent à réguler les flux touristiques tout en finançant les services publics, Londres semble engagée sur la voie d’une réforme structurelle.

Reste à voir si les voyageurs — déjà confrontés à une inflation générale des coûts — seront prêts à payer un peu plus pour profiter des charmes de la capitale britannique. Et si les fonds récoltés tiennent la promesse d’un tourisme mieux encadré, plus durable, et au service de la qualité de nos voyages.