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Barcelone veut doubler sa taxe de séjour pour lutter contre le surtourisme

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Rédigé par Arthur


Face à l’afflux massif de visiteurs et à la crise du logement qui touche ses habitants, Barcelone prend des mesures drastiques. La Catalogne a décidé de doubler la taxe de séjour d’ici fin 2025, une décision qui fait débat tant chez les habitants que dans le secteur hôtelier.

Une taxe pouvant atteindre 15 euros par nuit

Jusqu’à présent, la taxe touristique en Catalogne variait de 3,50 à 7 euros par nuit, en fonction du type d’hébergement. Avec la nouvelle réglementation, elle pourra atteindre jusqu’à 15 euros par nuit pour les hôtels 5 étoiles, et 11,40 euros pour les hôtels 4 étoiles. La mesure concerne non seulement Barcelone, mais aussi d’autres villes de la région comme Gérone et Tarragone, qui pourront désormais appliquer une surtaxe municipale. Les croisiéristes ne seront pas épargnés : leur contribution, aujourd’hui fixée à 7 euros pour une escale de moins de 24 heures, pourrait grimper à 12 euros.

Une réponse à la crise du logement

Cette hausse vise principalement à réguler le volume touristique et à atténuer la pression sur le marché immobilier. En effet, le gouvernement catalan prévoit d’allouer au moins 25 % des recettes de cette taxe à des politiques de logement social. Selon les estimations, cette réforme pourrait générer environ 200 millions d’euros par an, contre 90 millions en 2023.

David Cid, porte-parole du parti de gauche Comuns, défend la mesure en déclarant : « Beaucoup de Catalans traversent une période très difficile. Je pense que les touristes qui nous visitent peuvent faire un petit effort supplémentaire pour que nous ayons plus de ressources, par exemple pour les consacrer au logement. »

Un secteur hôtelier vent debout

Du côté des professionnels du tourisme, la colère gronde. Joan Gaspar, de l’Association hôtelière de Barcelone, a qualifié cette décision d’« aberration », dénonçant une méconnaissance du secteur et ses potentielles répercussions sur l’emploi. La Confédération patronale d’hôtellerie et de restauration de Catalogne parle, quant à elle, d’« asphyxie fiscale ».

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Les chiffres confirment une tendance à la hausse des prix. En 2025, le prix moyen d’une nuit à Barcelone avoisine déjà les 188 euros, soit une augmentation de 14 euros par rapport à 2023. Cette hausse des tarifs pourrait entraîner une baisse du taux d’occupation, qui était de 80,8 % en 2024, en recul de 1,4 point par rapport à l’année précédente.

Une stratégie touristique en mutation

Au-delà de la taxe de séjour, Barcelone multiplie les initiatives pour transformer son modèle touristique. En juin 2024, le maire Jaume Collboni annonçait que les licences des appartements touristiques ne seraient plus renouvelées après 2029, interdisant ainsi les locations de type Airbnb pour des séjours de moins de 31 jours.

Cette politique s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre habitants et visiteurs. Des manifestations anti-touristes, marquées par des slogans tels que « Tourists go home! », se multiplient, certains manifestants allant jusqu’à asperger des étrangers au pistolet à eau pour exprimer leur exaspération.

Barcelone, plus chère que Paris ?

Si cette taxe est appliquée, Barcelone pourrait devenir l’une des villes européennes avec la taxe de séjour la plus élevée, surpassant même Paris ou Rome. Reste à savoir si cette mesure sera réellement efficace pour limiter le surtourisme ou si elle affectera négativement l’attractivité de la ville auprès des voyageurs.

Quoi qu’il en soit, cette réforme marque un tournant dans la gestion touristique de Barcelone, qui cherche à trouver un équilibre entre préservation de la qualité de vie de ses habitants et maintien de son statut de destination phare en Europe.