Avec l’arrivée des beaux jours, les vacances approchent et les destinations européennes classiques se remplissent à nouveau. Pourtant, l’heure est aussi à la prise de conscience : certaines régions souffrent d’un phénomène appelé overtourism ou surfréquentation touristique, qui impacte la qualité de vie des habitants et l’expérience des visiteurs. Zoom sur Zakynthos, l’île grecque élue la plus touristique d’Europe, et sur des alternatives plus calmes pour vos prochaines vacances.
Zakynthos, la capitale européenne de l’overtourism
Selon une récente étude du magazine Which?, l’île de Zakynthos (aussi appelée Zante), avec ses 40 000 habitants, a accueilli pas moins de six millions de nuitées en 2023. Cela signifie qu’il y a eu 150 nuitées par résident, un chiffre qui illustre une pression touristique énorme. L’impact est tangible : hausse des prix de l’immobilier, saturation des infrastructures, encombrement des espaces publics et tensions croissantes avec la population locale.
Rory Boland, rédacteur en chef de Which? Travel, résume la situation : « Ce phénomène a submergé certaines des destinations les plus populaires d’Europe. Un séjour dans une destination moins fréquentée sera bien plus agréable et respectueux pour tous. »
Des îles grecques aux rivages espagnols, un phénomène généralisé
Zakynthos n’est pas un cas isolé. La péninsule d’Istrie en Croatie suit de près avec 133 nuitées par habitant, tandis que les îles Canaries, comme Fuerteventura et Lanzarote, sont aussi confrontées à une surpopulation touristique intense, dépassant souvent les 100 nuitées par résident.
En Espagne, l’île de Majorque bat des records avec 51 millions de nuitées en 2023, pour une population d’environ 966 000 habitants. Le tourisme de masse y engendre aussi des mouvements de protestation contre l’encombrement et la pression sur les services locaux. C’est le même constat à Barcelone, où la ville lutte depuis des années contre les nuisances et les plaintes liées à la présence excessive de visiteurs.

Paris, la ville la plus dense en touristes en Europe
En termes de densité touristique, Paris est championne avec 418 000 nuitées par kilomètre carré. La capitale française accueille environ 44 millions de nuitées pour une population de 2,1 millions. Athènes et Copenhague suivent, mais à des niveaux nettement inférieurs.
Cette densité extrême engendre aussi des problématiques de logement, de pollution et d’usure des infrastructures. Le professeur Richard Butler, expert en tourisme, rappelle dans Le Guardian que ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais qu’ils sont exacerbés par la rapidité et l’ampleur de la croissance touristique dans certaines villes.
Où partir pour éviter la foule ? Les alternatives européennes moins fréquentées
L’étude Which? recommande plusieurs destinations où la pression touristique est beaucoup plus faible, notamment en Europe de l’Est. La région de Teleorman en Roumanie ou la ville de Rybnik en Pologne offrent une expérience authentique, avec des paysages préservés et un accueil chaleureux.
Mircea Crisbășanu, organisateur de circuits à vélo en Roumanie, confirme : « Le sud du pays est très calme, avec de beaux villages et une population très accueillante. » Autre suggestion : la région de Murcia sur la côte méditerranéenne espagnole, qui reste à l’écart des foules, avec seulement 486 nuitées par km².
Enfin, pour ceux en quête d’extrême tranquillité, l’île norvégienne de Jan Mayen, située dans l’Arctique, reste quasi inaccessible et donc totalement préservée du tourisme de masse.
Le tourisme face à ses défis : entre bénéfices économiques et qualité de vie
Si le tourisme reste une source majeure de revenus pour ces destinations, le phénomène d’overtourism pose un véritable défi : comment concilier l’afflux massif de visiteurs et la préservation des lieux, ainsi que le bien-être des habitants ? À Zakynthos comme à Barcelone, les populations locales réclament désormais une meilleure gestion pour limiter la pression.
Comme le souligne Rory Boland : « Le succès touristique ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie locale ni de l’expérience du voyageur. »
Avec la multiplication des destinations touristiques saturées, il devient crucial de privilégier des lieux moins fréquentés, où l’on peut profiter pleinement de la culture, des paysages et des traditions locales, sans la foule ni les désagréments associés.
Cet été, pourquoi ne pas explorer les richesses moins connues d’Europe de l’Est, ou opter pour des régions aux trésors cachés comme Murcia, Haapsalu en Estonie, ou même s’aventurer dans des territoires sauvages comme Jan Mayen ? Le voyage n’en sera que plus authentique, et l’expérience plus respectueuse pour tous.