Dans un contexte difficile marqué par la fermeture prolongée du tunnel ferroviaire du Fréjus suite à l’éboulement de La Praz en août 2023, la compagnie ferroviaire italienne Trenitalia continue de s’adapter. Privée de sa précieuse ligne Paris-Milan, qui représentait une part importante de sa clientèle, la société mise sur de nouvelles offres pour rebondir, notamment avec une ligne hivernale vers les Alpes françaises.
Une liaison vers les station de ski savoyardes
À partir du 15 décembre 2024, et jusqu’au 31 mars 2025, Trenitalia proposera une extension de sa ligne Paris-Lyon vers les stations de ski de Chambéry et Saint-Jean-de-Maurienne. Avec un aller-retour par jour, opéré chaque week-end, cette initiative vise à répondre à la demande croissante de liaisons rapides et confortables vers les destinations prisées de la Savoie. Les trajets permettront de relier Paris à Chambéry en 3h15 et Paris à Saint-Jean-de-Maurienne en 4 heures, offrant aux voyageurs la possibilité d’embarquer également depuis les gares de Lyon Part-Dieu et Lyon Perrache.
Une stratégie face à la concurrence et aux difficultés
Ce prolongement, déjà testé l’an passé, arrive dans un contexte complexe pour Trenitalia. La suspension de sa liaison Paris-Milan, due à des travaux de sécurisation plus longs que prévu, a coûté cher à la compagnie, avec un manque à gagner évalué à des centaines de milliers de passagers. Fabrice Toledano, directeur marketing et commercial de Trenitalia France, souligne que les pertes financières sont difficiles à quantifier précisément, mais elles ont été partiellement atténuées par la réallocation des rames sur la ligne Paris-Lyon, où la fréquentation reste stable.
Cependant, Trenitalia ne renonce pas à ses ambitions. La société continue de se développer en France avec de nouvelles stratégies. La compagnie prévoit d’introduire d’ici fin 2024 quatre nouvelles rames homologuées, doublant ainsi presque sa capacité actuelle. Ces trains pourraient permettre d’intensifier l’offre entre Paris et Lyon, notamment lors des périodes d’affluence, et d’envisager des extensions vers des destinations comme Marseille ou Nice. Cette expansion s’inscrit dans un contexte où la compagnie italienne espère profiter d’un réseau renforcé, tout en restant attentive aux opportunités futures pour relier l’Italie par d’autres axes.
Le défi de la maintenance et de la concurrence
Un autre enjeu de taille pour Trenitalia concerne la maintenance de ses rames. Bien que les vérifications de base soient réalisées à Paris, les trains doivent être envoyés régulièrement à Nice, puis en Italie, pour des inspections complètes. Ce processus, nécessitant des trajets à vide, souligne la nécessité éventuelle d’un centre de maintenance en France, un projet en cours d’étude.
Parallèlement, l’arrivée de nouveaux acteurs comme l’espagnol Renfe pourrait bouleverser le paysage ferroviaire français. Pour Trenitalia, cette concurrence est perçue comme une opportunité : elle espère que la multiplication des offres aidera les voyageurs à découvrir des alternatives à la SNCF. Bien que cela puisse accroître la compétition pour obtenir des sillons et influer sur les tarifs, Trenitalia voit ici une chance de renforcer sa visibilité et de séduire un public plus large.
Vers de nouvelles destinations et un avenir en expansion
Malgré les défis, Trenitalia reste optimiste et continue de développer sa présence en France. Marco Caposciutti, président de Trenitalia France, souligne l’importance de proposer des trajets à la fois flexibles et écoresponsables, en ligne avec la demande des voyageurs. La compagnie travaille également sur de nouvelles destinations pour 2025, avec une attention particulière à la desserte du Sud de la France.
Si le projet de relier l’Italie via le Sud-Est reste en attente d’une décision finale, l’intérêt pour le marché français ne faiblit pas. Trenitalia a déjà entamé des discussions pour obtenir les sillons nécessaires, démontrant sa détermination à s’imposer comme un acteur majeur du transport ferroviaire en France.
