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Tourisme en Californie : après des records, un vent de repli international souffle sur l’État doré

Publié le

Rédigé par Arthur

Après plusieurs années de reprise post-pandémie marquées par des chiffres impressionnants, le tourisme en Californie traverse une zone de turbulences. Pour la première fois depuis 2020, la fréquentation touristique est attendue en baisse. En cause : un net recul des visiteurs internationaux, sur fond de tensions politiques et économiques à l’échelle fédérale.


Des chiffres record en 2024, une alerte en 2025

L’année 2024 avait pourtant placé la barre très haut : selon le bureau du gouverneur Gavin Newsom, les visiteurs ont dépensé plus de 157 milliards de dollars en Californie, générant 12,6 milliards de recettes fiscales locales et soutenant 1,2 million d’emplois. Ces performances avaient permis de dépasser même les niveaux pré-pandémiques. Plus de 80 % des dépenses provenaient du tourisme domestique, mais les voyageurs internationaux, bien qu’ils ne représentent que 6 % des visiteurs, comptent pour 17 % des dépenses totales.

Malgré cela, la situation a changé dès le printemps 2025. D’après les dernières données de Visit California, le mois de mars a enregistré une baisse de 11 % des arrivées internationales par rapport à l’année précédente. En chiffres absolus, ce sont 494 952 arrivées qui ont été comptabilisées contre 556 277 en mars 2024.

Les marchés frontaliers en chute libre

Les marchés les plus proches géographiquement, historiquement les plus solides pour la Californie, sont aussi ceux qui enregistrent les plus fortes chutes. Les arrivées en provenance du Canada, premier marché international de l’État, ont plongé de 15,5 %. Les visiteurs mexicains, quant à eux, accusent une baisse de 24,2 % par rapport à mars 2024.

« Le Canada et le Mexique sont respectivement nos marchés numéro un et deux, et les baisses venant de nos voisins ont un impact profond sur la santé globale de l’économie touristique de la Californie », a déclaré Caroline Beteta, présidente de Visit California. « Depuis le début de l’année, nous constatons un changement clair de perception à l’étranger, en particulier dans les marchés qui ont traditionnellement été solides pour la Californie. »

La tendance s’observe également en Europe, avec des baisses notables du Royaume-Uni (-22 %) et de l’Allemagne (-26 %). Ces chiffres reflètent une désaffection plus large envers les États-Unis, également constatée à Las Vegas, où l’occupation hôtelière a chuté, et dans le secteur aérien, qui envisage de revoir ses routes face à une demande en recul.

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Le facteur politique : un « Trump Slump » assumé

Si plusieurs facteurs économiques peuvent expliquer ces baisses, nombre d’analystes pointent aussi une origine politique : l’effet Trump. Les tensions diplomatiques, les politiques migratoires restrictives et les propos controversés du président américain en exercice auraient contribué à refroidir les ardeurs des voyageurs étrangers.

Visit California parle même de « Trump Slump », en référence au ralentissement constaté du tourisme international. Le gouverneur Newsom n’a pas mâché ses mots :
« Nous reconnaissons également que les progrès de notre État sont menacés par les impacts économiques de cette administration fédérale, et nous sommes déterminés à agir pour protéger les emplois et faire en sorte que tous les Californiens bénéficient d’un secteur touristique prospère. »

Il a récemment lancé une campagne de séduction à destination des Canadiens, appelant à ignorer le climat politique actuel :
« La Californie et le Canada ont toujours eu beaucoup en commun », a-t-il déclaré dans une vidéo. « Bien sûr, vous-savez-qui essaie de semer la zizanie à Washington, mais ne laissez pas cela gâcher vos projets de plage. »
À Palm Springs, des panneaux “pro-Canada” ont même été installés dans la ville.

2025, année de transition ?

Pour contrer cette dynamique, la Californie mise sur le renforcement de ses campagnes promotionnelles, tant au niveau domestique qu’international. L’État incite également ses propres habitants à voyager localement pour soutenir l’économie touristique. Des marchés émergents comme l’Inde et le Japon suscitent encore l’espoir d’un certain rééquilibrage.

Malgré tout, Visit California prévoit une perte de 6 milliards de dollars de recettes touristiques cette année. En parallèle, 32 événements sont déjà prévus au Moscone Center de San Francisco, redonnant un souffle au tourisme d’affaires.

Le défi est de taille, mais la Californie n’a pas dit son dernier mot. Avec ses paysages iconiques, ses villes mythiques et sa culture accueillante, l’État doré reste une destination prisée. À condition que les vents politiques tournent de nouveau en sa faveur.