Les voyageurs séjournant à Londres pourraient bientôt voir leurs factures d’hôtel augmenter. Sadiq Khan, maire de la capitale britannique, a récemment exprimé son intérêt pour l’introduction d’une taxe touristique, une mesure déjà adoptée par plusieurs grandes villes européennes comme Paris, Barcelone ou Amsterdam. Cette initiative suscite un vif débat entre élus locaux et professionnels du secteur.
Une taxe pour financer des infrastructures
Lors d’une déclaration publique, Sadiq Khan a précisé que son équipe analyserait les résultats des taxes similaires mises en place à Manchester et dans d’autres métropoles européennes. Le maire souhaite comprendre les avantages et les éventuels inconvénients de cette politique. « Je suis prêt à examiner les situations pour voir où cette taxe a fonctionné et pour déceler les problèmes qui pourraient être liés à cette politique particulière », a-t-il déclaré.
En 2023, Manchester a instauré la « City Visitor Charge », une taxe prélevée sur les hébergements dont la valeur locative dépasse 75 000 livres. Cette mesure a rapporté 2,8 millions de livres à la ville lors de sa première année, des fonds réinvestis dans des projets locaux. Londres pourrait s’inspirer de ce modèle pour financer des initiatives comme la revitalisation de la vie nocturne ou l’installation de toilettes publiques.
Des inquiétudes dans le secteur touristique
Si de nombreux élus soutiennent l’idée, les professionnels du tourisme s’inquiètent des conséquences économiques. La directrice générale de UKHospitality, met en garde : « Londres reste l’une des principales destinations touristiques mondiales, mais le nombre de visiteurs internationaux n’a pas encore retrouvé les niveaux d’avant la pandémie. L’introduction d’une taxe touristique ne ferait qu’aggraver la situation. »
Le Royaume-Uni souffre déjà d’un taux de TVA élevé par rapport à d’autres destinations européennes, ce qui désavantage son attractivité touristique. Les hôtels londoniens affichent par ailleurs les tarifs moyens les plus élevés du pays, avec un prix moyen de 158 livres (environ 190 euros) par nuit. Une taxe additionnelle pourrait décourager les visiteurs étrangers, encore réticents à voyager en nombre depuis la crise sanitaire.
Une tendance européenne
Londres ne serait pas une exception : en Europe, les taxes touristiques sont désormais courantes. À Barcelone, les visiteurs doivent payer jusqu’à 4,95 € par nuit dans un hôtel quatre étoiles, tandis qu’à Paris, cette taxe peut atteindre 8,13 €. Amsterdam, souvent citée en exemple, a augmenté sa taxe à 12,5 % du coût total des nuitées.
D’autres villes explorent des alternatives. Venise, par exemple, cible les visiteurs d’un jour avec un billet d’accès payant de 5 € à 10 €, une mesure qui vise à réduire l’impact des flux touristiques sur la cité historique.
Un équilibre à trouver
L’introduction d’une taxe touristique à Londres pourrait représenter une nouvelle source de revenus pour la ville, permettant de financer des infrastructures et de mieux gérer le surtourisme. Cependant, les autorités doivent veiller à ne pas nuire à l’attractivité de la capitale dans un contexte de reprise post-pandémie. Le débat reste ouvert, et les décisions à venir pourraient avoir un impact significatif sur le visage du tourisme londonien.