Le Portugal fait un grand pas en avant pour promouvoir la mobilité durable. Le 21 octobre dernier, le gouvernement portugais a lancé le « passe verde » ferroviaire, un titre de transport innovant qui permet de voyager deux fois par jour pour seulement 20 € par mois. Ce tarif particulièrement attractif en fait l’offre ferroviaire la plus abordable d’Europe, visant à inciter les Portugais à privilégier le rail et à réduire leur usage de la voiture.
Une alternative à la voiture pour encourager la transition verte
Avec ce passe, le gouvernement cherche à promouvoir le train pour des trajets interurbains et régionaux, en excluant toutefois les lignes à grande vitesse (Alfa Pendular) et les trains de banlieue de Lisbonne et Porto, qui bénéficient déjà d’une offre préférentielle. En quelques jours, plus de 3 000 passes ont été vendus, avec des files d’attente notables dans les gares centrales telles que Santa Apolonia, témoignant de l’engouement pour cette nouvelle offre.
Ce titre de transport n’est pas une première tentative au Portugal. En 2023, un passe similaire avait déjà été lancé à 49 € par mois, bien qu’il se soit révélé moins accessible pour de nombreux usagers. Ce nouvel effort du gouvernement de droite, en place depuis avril 2024, s’inscrit dans un plan plus large de mobilité durable, incluant également des aides à l’achat de voitures électriques et des investissements dans les infrastructures ferroviaires.
Un modèle inspiré de l’Allemagne et des voisins européens
L’initiative portugaise s’inscrit dans une tendance européenne en faveur des transports publics à bas coût. En Allemagne, le « Ticket D » à 49 € par mois permet d’utiliser les transports locaux et régionaux dans tout le pays. Bien qu’apprécié, ce système a soulevé des critiques pour sa viabilité économique. L’Autriche a également mis en place le « Klimaticket Ö », un abonnement annuel de 1 095 €, qui couvre tous les moyens de transport. En France, une tentative similaire à 49 € par mois cet été pour les jeunes a cependant rencontré moins de succès que prévu.
Avec un prix de 20 € seulement, le Portugal marque la différence. Ce tarif réduit rend l’accès au train beaucoup plus abordable, visant à lutter contre la prédominance de la voiture et à encourager une transition écologique en douceur.
Un succès qui soulève des questions
L’accueil favorable du public pour le passe verde s’accompagne toutefois de questions sur la capacité du réseau ferroviaire portugais à soutenir cet engouement. « C’est bien si les trains sont en nombre suffisant, s’ils ne tombent pas en panne et s’il n’y a pas sans arrêt des grèves », commente Rafael de Jesus au micro de La Croix, dans la file d’attente de la gare de Lisbonne.
En effet, la société de chemins de fer CP (Comboios de Portugal) reste lourdement endettée, avec des infrastructures parfois vieillissantes. Le gouvernement portugais a annoncé une compensation de près de 19 millions d’euros à la CP pour couvrir les pertes dues au passe verde, mais l’insuffisance de cette enveloppe fait craindre une pression supplémentaire sur le réseau ferroviaire.
Avec le lancement de ce passe, le Portugal entend montrer qu’il est possible d’offrir une alternative accessible à la voiture. Ce projet pourrait bien inspirer d’autres pays en Europe, à condition de trouver un équilibre financier viable.
