Situé au cœur des Alpes françaises, dans la vallée du Giffre, le Cirque du Fer-à-Cheval est sans conteste l’un des joyaux naturels les plus spectaculaires de Haute-Savoie. Ce site grandiose, en forme d’amphithéâtre calcaire, attire chaque année des milliers de visiteurs en quête de nature, de randonnées et de paysages à couper le souffle. Mais ce succès a un revers : une fréquentation intense qui pose des défis environnementaux et logistiques. Face à cela, les acteurs locaux ont mis en place des solutions concrètes pour préserver ce lieu d’exception, récemment reconnu au niveau international.
Une reconnaissance mondiale pour un site unique
L’année 2025 s’annonce déjà comme une année phare pour le Cirque du Fer-à-Cheval. L’application spécialisée dans la randonnée AllTrails l’a intégré à son classement des 25 plus beaux itinéraires de randonnée au monde à faire en 2025. Il s’agit du seul site français présent dans cette prestigieuse sélection, à l’instar du Combloux dans le précédent classement Airbnb. L’itinéraire recommandé, « Cirque du Fer-à-Cheval – Pas du Boret – Le Bout du Monde », promet aux marcheurs un enchaînement de panoramas spectaculaires et de cascades vertigineuses. Mais attention, mieux vaut privilégier les saisons intermédiaires : le printemps et l’automne offrent des conditions idéales, là où l’été peut devenir étouffant par son affluence, et l’hiver plus risqué à cause des éboulements ou avalanches.
Une surfréquentation encadrée grâce au numérique
Pour faire face aux pics estivaux, les autorités locales ont décidé d’agir. Dès l’été 2024, une application gratuite, Affluences, a été déployée pour informer en temps réel les visiteurs de la situation sur le site. Grâce à un capteur installé en amont, au niveau du hameau de Nambride, l’appli permet de connaître instantanément le taux d’occupation des parkings. Un code couleur allant du vert au rouge aide à évaluer la fréquentation et à décider si la visite peut être reportée ou non. L’application est disponible sur Google Play et l’App Store.
L’abonnement au service pour une période de quatre mois s’élève à 2 700 euros, financé à parts égales par la Communauté de Communes, le Syndicat mixte et l’Office de tourisme de Samoëns. Une dépense qui pourrait être reconduite, voire élargie à d’autres lieux sensibles de la région.
Une approche globale pour un tourisme plus responsable
Loin de se limiter à une application, l’ensemble des acteurs du territoire – communes, offices de tourisme, Syndicat mixte du Grand Site et réserve naturelle – ont engagé une démarche concertée pour réguler l’accueil des visiteurs tout en valorisant l’expérience sur place.
À Sixt-Fer-à-Cheval, une aire d’accueil a été aménagée pour les camping-cars, et l’équipe chargée de la gestion des parkings a été renforcée. Un agent de surveillance a également été recruté pour assurer des missions de prévention et de contrôle tout au long de la saison. En parallèle, un arrêté municipal restreint chaque été la pratique du vélo sur le chemin menant au Fond de la Combe, entre 12h30 et 18h, principalement pour des raisons de sécurité.
Une présence humaine renforcée et des messages de sensibilisation
La protection du site repose également sur la pédagogie. Le chalet d’accueil du Grand Site, ouvert tous les jours durant l’été, sert de point d’information pour les visiteurs au départ des sentiers. Sur place, une nouvelle signalétique a été installée pour sensibiliser aux enjeux de préservation : gestion des déchets, respect de la faune, règlementation en zone protégée.
Des éco-volontaires complètent ce dispositif en allant à la rencontre des promeneurs. Leur mission : rappeler les bons comportements à adopter dans un espace naturel fragile. Ce travail d’information est également assuré par les gardes-techniciens de la réserve naturelle de Sixt-Fer-à-Cheval / Passy, qui peuvent sanctionner en cas de non-respect des règles, notamment l’interdiction de chiens, même tenus en laisse, ou l’usage de drones.
Des tournées communes avec la gendarmerie nationale sont également mises en place pour renforcer la sécurité et faire respecter les interdictions concernant le bivouac, les feux ou encore le ramassage de plantes.
Des alternatives durables pour limiter l’usage de la voiture
Pour désengorger les accès au site, des navettes estivales ont été mises en place par le Syndicat Intercommunal des Montagnes du Giffre, avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Reliant les communes de Morillon, Samoëns, Sixt-Fer-à-Cheval et Verchaix, elles offrent une solution pratique et économique (1 €/personne/jour) pour se rendre au Cirque sans voiture.
Ces efforts sont accompagnés d’un important travail d’information mené auprès des offices de tourisme, renforcé par l’organisation d’un premier éductour destiné aux conseillers en séjour. L’objectif : leur fournir des clés pour mieux accompagner les visiteurs, en connaissance des enjeux environnementaux et réglementaires du site.