Au cœur du département de Yamagata, Ginzan Onsen est une station thermale de carte postale, connue pour ses rues pittoresques bordées de bâtiments historiques illuminés par des lampadaires qui ajoutent une touche féérique à ses paysages enneigés. Cependant, cette popularité grandissante a un coût : la petite localité, qui accueille près de 330 000 visiteurs par an, doit aujourd’hui faire face aux défis du surtourisme.
Une destination prisée mais sous tension
Ginzan Onsen, vieille de 300 ans, est un joyau préservé de la période Edo, à 420 km au nord de Tokyo. Le charme de ses onsens (sources chaudes) et ses paysages hivernaux attirent des voyageurs du monde entier, notamment grâce à une présence importante sur les réseaux sociaux. Certains avancent que le lieu aurait inspiré le célèbre film d’animation « Le Voyage de Chihiro », ajoutant une couche mythique à son attrait.
Mais cet afflux de touristes n’est pas sans conséquences. Les rues paisibles de Ginzan Onsen sont devenues le théâtre de conflits entre visiteurs avides de clichés « instagrammables ». Selon la municipalité, « de nombreux visiteurs s’énervent dans le but de prendre des photos, ce qui a conduit à des violations des règles de circulation et à inciter les gens à chercher de meilleurs endroits, parfois au mépris des règles ». Certains incidents ont même failli provoquer des accidents, comme des visiteurs risquant de tomber dans la rivière.
Des restrictions pour protéger le site
Face à cette situation, les autorités locales ont pris des mesures décisives pour réguler l’afflux de visiteurs. Désormais, les touristes devront se conformer à de nouvelles restrictions. À partir de 17 heures, seuls les visiteurs munis d’un billet prépayé, incluant parfois un trajet en bus (environ 1 150 yens, soit 7 euros), pourront accéder au site. Quant à ceux n’ayant pas réservé d’hébergement sur place, l’accès leur sera interdit après 20 heures.
Les visiteurs en voiture devront, eux, stationner dans un centre touristique situé à deux kilomètres avant de rejoindre la ville via une navette payante. Takayuki Saito, responsable du commerce et du tourisme pour la municipalité d’Obanazawa, souligne les risques liés à l’hiver : « Des embouteillages ont parfois été causés par des voitures bloquées dans la neige parce que les voyageurs roulaient avec des pneus non adaptés ». Il ajoute que la congestion des routes a même empêché des véhicules d’urgence de parvenir à destination, une situation jugée « intolérable » par les autorités.
Un phénomène national
Le cas de Ginzan Onsen s’inscrit dans un contexte plus large au Japon, où les sites touristiques emblématiques comme Kyoto ou le mont Fuji adoptent également des mesures similaires. Avec un yen faible et une reprise post-pandémie, le pays a accueilli un nombre record de 33 millions de visiteurs étrangers entre janvier et novembre 2024, dépassant le précédent record de 31,9 millions en 2019.
Pour Ginzan Onsen, ces restrictions symbolisent un équilibre nécessaire entre valorisation touristique et préservation. Alors que la féerie des lieux continue de fasciner, ces mesures garantissent que ce trésor japonais demeure un havre de paix pour les visiteurs et les habitants.