Tourisme durable

Tourisme : les émissions mondiales de CO₂ augmentent

Publié le

Rédigé par Salomé

Les voyages sont synonymes de découvertes, d’évasion et d’échanges culturels. Mais derrière cette industrie florissante se cache une réalité bien plus sombre : le tourisme est aujourd’hui responsable de près de 9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon une étude récente publiée dans Nature Communications. Ce secteur en pleine expansion contribue fortement au réchauffement climatique, posant un dilemme majeur entre essor économique et durabilité.


Une croissance conséquente

Entre 2009 et 2019, les émissions liées au tourisme ont augmenté de 3,5 % par an, soit plus du double de celles de l’économie mondiale (à +1,5 % par an). En 2019, elles atteignaient 5,2 gigatonnes d’équivalent CO2, un chiffre équivalant à l’ensemble des émissions annuelles de l’Amérique latine et des Caraïbes. La croissance du secteur s’explique par plusieurs facteurs : une augmentation significative du nombre de voyageurs, des dépenses accrues par personne (672 dollars en moyenne par voyageur en 2019 contre 536 dollars en 2009) et une population mondiale en hausse, passée de 6,9 à 7,8 milliards en une décennie.

Le talon d’Achille du tourisme : l’aviation

Le transport représente plus de 55 % de l’empreinte carbone totale du tourisme. L’aviation à elle seule en constitue 21 %, suivie par les véhicules privés (17 %). Les émissions directes, telles que celles générées par les vols, restent le principal défi, en dépit des améliorations technologiques et des gains d’efficacité. Comme le souligne Ya-Yen Sun, professeure associée à l’université du Queensland et autrice principale de l’étude, « Sans interventions urgentes dans l’industrie mondiale du tourisme, nous prévoyons des hausses d’émissions de 3 % à 4 % par an, ce qui signifie qu’elles doubleront tous les vingt ans » (source Le Monde).

Une inégalité flagrante entre les pays

Trois pays – les États-Unis, la Chine et l’Inde – concentrent 39 % des émissions mondiales de CO2 du tourisme. En 2019, les touristes américains étaient responsables de 19 % de cette empreinte, suivis par les Chinois (15 %) et les Indiens (6 %). Ce trio a également été à l’origine de 60 % de l’augmentation des émissions de la dernière décennie, principalement par le biais de voyages domestiques. Ces disparités révèlent un enjeu d’équité climatique, où les efforts à consentir varient considérablement d’une région à l’autre.

Vers une réduction des émissions : un chemin semé d’embûches

Pour aligner le tourisme avec les objectifs de l’accord de Paris, ses émissions devraient diminuer de plus de 10 % par an jusqu’en 2050. Toutefois, l’étude prévoit une augmentation continue des émissions, entre 3 % et 4 % par an si aucune intervention drastique n’est mise en place. À court terme, la limitation de la demande pour les vols internationaux, en particulier les longs courriers, semble être une solution envisageable. « Limiter la croissance de la demande de transport aérien permettrait d’obtenir des résultats souhaitables d’un point de vue climatique et social », préconise l’équipe de chercheurs.

Un avenir incertain

Malgré les gains économiques qu’il génère – avec un chiffre d’affaires mondial passé de 3 500 à 6 000 milliards de dollars en dix ans –, le tourisme mondial est à un tournant décisif. La nécessité de réduire son empreinte carbone est plus impérative que jamais. Pour continuer à explorer le monde sans le mettre en péril, des réformes profondes sont indispensables dans les comportements des voyageurs, les infrastructures et les politiques publiques.