Le « skiplagging », ou plus communément appelé « sauter l’escale », est une astuce de voyage qui a récemment fait parler d’elle dans les médias. Si l’idée d’économiser sur le prix d’un billet d’avion est toujours séduisante, cette méthode peut-elle réellement être considérée comme une bonne affaire, et surtout, est-elle sans risque ? Décryptage.
Le principe du skiplagging : comment ça marche ?
Le skiplagging repose sur un concept simple : au lieu d’acheter un billet direct pour une destination, le voyageur réserve un vol avec une escale dans une ville intermédiaire, et descend à l’escale, sa véritable destination. Prenons l’exemple d’un passager souhaitant se rendre à Helsinki : au lieu de réserver un vol direct Paris-Helsinki, il achète un billet Paris-Bangkok avec une escale à Helsinki, où il s’arrêtera, abandonnant son vol pour Bangkok.
Cette méthode peut sembler contre-intuitive : pourquoi une compagnie aérienne facturerait-elle un vol direct plus cher qu’un vol avec escale ? La réponse réside dans la loi de l’offre et de la demande : la demande de vols directs étant plus forte, les prix des billets directs sont souvent plus élevés. Cependant, selon les experts, il est rare qu’un vol avec escale soit significativement moins cher qu’un vol direct, notamment pour des destinations très demandées.
Les économies possibles, mais à quel prix ?
Si certains passagers rapportent des économies significatives, allant parfois jusqu’à plusieurs centaines de dollars, les risques associés à cette pratique ne doivent pas être sous-estimés. En effet, bien que le skiplagging ne soit pas illégal en soi, il s’apparente à une violation des conditions du contrat de transport entre le passager et la compagnie aérienne, ce qui peut avoir des conséquences désagréables.
Les risques pour les voyageurs
La principale conséquence du skiplagging réside dans le non-respect des règles de la compagnie aérienne. Si un passager utilise cette méthode, il peut se voir interdire de voler à l’avenir avec cette même compagnie, perdre ses points de fidélité ou même voir son compte de fidélité fermé. Certaines compagnies, comme American Airlines, ont d’ailleurs pris des mesures sévères à l’encontre de voyageurs surpris en train de sauter leur escale.
Le skiplagging présente également des risques pratiques. En cas d’enregistrement de bagages en soute, ceux-ci seront envoyés à la destination finale et il sera impossible de les récupérer à l’escale. De plus, si un passager décide de ne pas embarquer sur son second vol, il perd la possibilité de prendre un aller-retour, et dans le cas d’une annulation de vol, la compagnie réacheminera le passager vers la destination finale et non vers l’escale.
Un phénomène mondial, mais marginal en France
Bien que le skiplagging soit une pratique largement répandue, notamment aux États-Unis, elle n’est pas courante en France. Cependant, cette méthode fait parler d’elle, notamment après l’incident de juillet 2023, où un adolescent américain de 17 ans a vu son interdiction de vol pour avoir utilisé cette astuce. Les compagnies aériennes, telles qu’Air France, reconnaissent que cette méthode est pratiquée, mais elle reste marginale.
Le skiplagging n’est pas non plus une nouveauté. En 2011, le statisticien Nate Silver en parlait déjà dans le New York Times, sous le terme de « hidden city ticketing ». En 2013, le site Skiplagged, qui permet de faciliter ce procédé, a été lancé par Aktarer Zaman. Toutefois, ce dernier a dû faire face à plusieurs poursuites judiciaires de la part de compagnies aériennes et de sites de réservation.
Économiser, mais à quel prix ?
En dépit des économies qu’il peut offrir, le skiplagging demeure une pratique risquée, tant sur le plan légal que pratique. Si cette astuce semble tentante à première vue, elle pourrait bien entraîner plus de tracas que d’économies, sans compter les sanctions éventuelles de la part des compagnies aériennes. Dans un contexte où l’inflation fait grimper les prix des billets, cette méthode semble être une fausse bonne idée. En fin de compte, l’astuce ne vaut peut-être pas le coup…
Pour ceux qui cherchent à réduire le coût de leurs voyages, il existe des solutions plus sûres et légales, comme la réservation en avance, les comparateurs de prix ou encore la recherche de promotions.
