Depuis le 2 décembre, voyager en Espagne implique désormais de fournir un éventail de données personnelles bien plus large. Cette mesure, dictée par un décret du gouvernement espagnol, a pour objectif déclaré de renforcer la sécurité en luttant contre le terrorisme et la criminalité organisée. Mais elle soulève également de nombreuses questions et protestations, notamment parmi les professionnels du tourisme.
Une collecte de données renforcée
Les hôteliers, campings, agences de voyage et sociétés de location de voitures sont désormais tenus de collecter entre 40 et 60 informations personnelles auprès de leurs clients. Parmi les données demandées figurent l’identité, le sexe, l’adresse, le numéro de téléphone, les coordonnées bancaires, ainsi que la nationalité et l’adresse électronique. Pour les familles voyageant avec des mineurs, il faudra également préciser le lien de parenté.
Les entreprises doivent également enregistrer des informations sur les réservations, comme le nombre de chambres louées, les dates d’utilisation des services ou encore l’éventuelle demande de connexion Internet. Une plateforme numérique dédiée centralise ces informations, facilitant leur transmission aux autorités.
Quelles démarches pour vous ?
Vous voyagez en Espagne après le 2 décembre 2024 ?
Votre contact local pourra être amené à communiquer ces données personnelles vous concernant :
- Nom et prénom (présentation d’une pièce d’identité qui pourra être scannée)
- Date de réservation d’hébergement et nombre de chambres réservées
- Date de paiement et moyen de paiement utilisé
- Contact téléphonique et/ou email
- Informations sur une éventuelle location de véhicule
Une mesure controversée
Bien que le gouvernement présente cette initiative comme un moyen « moderne et agile » d’assurer la sécurité, les acteurs du secteur touristique dénoncent une réglementation qu’ils jugent « disproportionnée ». Juan Molas, président de l’association Mesa del Turismo, déplore un décret « incompréhensible », tandis que Ramón Estalella, secrétaire général de la fédération hôtelière Cehat, met en garde contre les atteintes à la vie privée.
Les craintes ne se limitent pas à la vie privée : les entreprises du secteur, majoritairement des PME, redoutent une lourde charge administrative et des coûts supplémentaires difficiles à absorber. Certaines associations craignent même que ces nouvelles obligations n’éloignent des touristes, en dépit des records d’affluence enregistrés récemment.
Un objectif de sécurité nationale
Ces nouvelles mesures, introduites par le décret Marlaska, étaient en réalité prévues depuis janvier 2023 mais n’ont été pleinement appliquées qu’après une période d’adaptation prolongée. Pour le ministère de l’Intérieur, cette réglementation est cruciale pour mieux prévenir les risques sécuritaires. Selon les autorités, les locations de voitures ou de résidences jouent souvent un rôle dans les opérations des réseaux criminels.
Des amendes dissuasives
Les entreprises qui ne respectent pas ces nouvelles obligations s’exposent à des sanctions pouvant atteindre 30 000 euros. Une pression supplémentaire pour un secteur déjà soumis à des fluctuations économiques.