La suspension temporaire des vols directs entre Paris et Zanzibar, annoncée par Air France et KLM pour 2025, inquiète les professionnels du tourisme en Tanzanie. Cette décision, qui coïncide avec la basse saison touristique, soulève des préoccupations sur l’attractivité de l’archipel pour les voyageurs européens, déjà confrontés à l’obligation récente d’une assurance locale.
Une interruption stratégique mais controversée
À compter du 22 mars 2025, Air France suspendra ses vols directs vers Zanzibar et Kilimandjaro, avec une reprise prévue le 26 mai. Selon un porte-parole de la compagnie, cette interruption coïncide avec la « green season », période de faible activité touristique en raison des pluies. KLM, pour sa part, suspendra sa desserte de Zanzibar pour une durée plus longue, de mars à octobre.
Malgré ces explications, la nouvelle a été accueillie froidement par les voyagistes locaux. « Les liaisons directes jouent un rôle crucial pour maintenir l’attractivité d’une destination. Leur suspension risque de détourner certains touristes vers d’autres pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud », explique Frédérique Duvignacq, représentante de l’agence réceptive Soaring FIamingo.
Les effets combinés d’une assurance obligatoire
Depuis octobre 2024, les visiteurs étrangers à Zanzibar doivent souscrire une assurance locale au coût de 44 dollars, même s’ils possèdent déjà une couverture internationale. Cette mesure, perçue comme une « taxe déguisée » par les professionnels, a suscité des critiques. L’ECTAA (Association européenne des voyagistes et agents de voyages) a exprimé son inquiétude quant au doublement des couvertures, source de confusion et de complications pour les voyageurs.
L’instauration de cette obligation, combinée à la suspension des vols directs, pourrait freiner l’afflux touristique vers Zanzibar. Certains tour-opérateurs rapportent déjà des annulations de groupes et de comités d’entreprise, faute de liaisons pratiques.
Des alternatives peu convaincantes
Pendant cette interruption, les voyageurs devront emprunter des vols avec escale, rallongeant considérablement le temps de trajet. Des compagnies comme Qatar Airways, Emirates, ou Turkish Airlines proposent des options via leurs hubs respectifs, mais aucune ne rivalise avec la simplicité d’un vol direct.
Dans certains cas, les passagers devront transiter par Dar es Salaam, puis prendre un autre vol pour Zanzibar, rendant l’expérience moins attrayante.
Une destination en perte de vitesse ?
Autrefois prisée pour sa beauté et son accessibilité, Zanzibar semble perdre de son élan. Après un engouement notable durant la crise sanitaire, la destination fait face à des défis croissants, entre mesures administratives controversées et changements dans les politiques des compagnies aériennes.
Malgré tout, l’archipel reste une destination phare grâce à ses plages idylliques et son offre culturelle unique. Pour les voyagistes, l’enjeu sera de convaincre les visiteurs de maintenir leur choix malgré les obstacles.
Une opportunité pour la Tanzanie ?
Si cette période constitue un défi pour le tourisme à Zanzibar, elle pourrait encourager les visiteurs à explorer d’autres régions de la Tanzanie, comme le Kilimandjaro ou les parcs nationaux du nord. Néanmoins, pour maintenir son attractivité à long terme, l’archipel devra répondre aux attentes des voyageurs en matière de simplicité et de compétitivité.
En attendant, les professionnels du secteur espèrent que cette suspension ne sera qu’un incident temporaire, et que des ajustements stratégiques permettront de préserver la position de Zanzibar sur la carte touristique internationale.
